Avec Elements, Evil Gima signe un tournant audacieux dans sa discographie. Né d’un week-end créatif en mai 2024, cet EP de quatre titres utilise les synthétiseurs Eurorack pour explorer des territoires harmoniques inédits. Entre quarts de ton, modes atypiques et textures sonores inquiétantes, le duo pousse l’expérimentation jusqu’à ses limites, offrant une expérience auditive qui bouscule l’oreille et les repères.
L’ouverture avec « Enthalpy » installe immédiatement une atmosphère étrange : nappes granuleuses, pulsations sourdes et glitchs erratiques créent l’impression d’un laboratoire hanté où chaque fréquence semble chargée d’une mémoire thermique. Vient ensuite « Boiling Point Transfusion », où le bruit blanc, les distorsions liquides et les éclats métalliques évoquent une transfusion d’urgence, un corps sonore en surchauffe, prêt à exploser.
Avec « Nuclear Charge », l’EP gagne en intensité : synthés saturés, pulsations atomiques et échos radioactifs donnent une sensation presque martiale, où l’énergie se transforme en menace et la beauté devient toxique. Le final, « Exthalpy », plonge l’auditeur dans des drones glacés, des réverbérations fantomatiques et des silences suspendus, comme une chambre de cryogénie émotionnelle, offrant un instant de contemplation glaciale après l’ouragan sonore.
En moins de vingt minutes, Elements trace une cartographie sonore singulière, à la fois dérangeante et fascinante. Ce projet n’est pas là pour séduire immédiatement : il exige de l’écoute, de la patience et une immersion totale. Evil Gima confirme ainsi son goût pour l’exploration des marges du son, là où la musique devient expérience, presque physique, et laisse son empreinte longtemps après la dernière note.